Perdue dans ses pensées (Libre)

11h30, 8 mars

Chimère Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 26/04/2009

Il avait fallu cinq jours à Marianna pour obtenir des informations sur un endroit où pourraient se trouver d'autres invisibles. Encore que le mot informations soit bien pompeux pour une simple rumeur entendue au détour d'une rue du centre. Rumeur disant que des fantômes auraient élu domocile dans le quartier industriel désaffecté. C'est donc suite à ça que Marianna était venue se trainer par ici. Elle avait un peu changé en 5 jours. Elle avait perdu du poids, elle avait les pieds écorchés à force de marcher sans souliers. Ses collants avaient bien vite filé et elle avait du les jeter. Du coup elle avait froid avec sa jupe qui n'allait que jusqu'aux genoux. Son beau chemisier blanc s'était agrémenté de tâches dont elle n'était pas fière. Mais elle ne pouvait pas faire grand-chose pour tout cela car ça aurait signifié d'aller voler des vêtements. Et elle ne pouvait pas se résoudre à en arriver là.

Elle marchait dans le quartier industriel en laissant son esprit vagabonder parmi ces idées folles et surtout parmi ses doutes. Elle ne savait pas si elle allait bien pouvoir trouver quelqu'un ici. Si ça se trouvait la rumeur concernant la présence de fantômes dans les usines était aussi fondée que celle qui voulait qu'ils se réunissent tous les soirs à minuit pour décider de qui mourrait dans la nuit. Elle avait vérifié et n'avait vu personne pendant la nuit. Tout ce qu'elle avait réussi c'était de finir avec des pieds frigorifiés. Elle était bien loin l'excitation de marcher pieds nus dans les rues ... Mais si il se pouvait qu'il y ait quelqu'un ici ayant subi le même changement qu'elle, alors ça valait bien la peine de venir jeter un coup d'œil.

Avait-elle rêvé ? Avait-elle réellement vu une personne par la fenêtre de cette vieille usine sur sa gauche ? Se pourrait-il que la rumeur ait été fondée ? Son cœur s'était emballé à cette idée et elle s'efforça de le rappeler à l'ordre. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait trouver dans cette usine désaffectée. Pour ce qu'elle en savait elle pouvait tout aussi bien avoir vu une personne normale qui ne la verrait pas plus que les autres. Et quand bien même ce ne serait pas une personne normale ... comment savoir si elle la verrait ? Quoi qu'il en soit il fallait qu'elle aille voir. Ne serait-ce que pour dissiper ses doutes.

Elle s'approcha donc du bâtiment à la recherche d'un endroit par où rentrer. Elle élimina d'emblée la porte principale, bien trop vieille et trop rouillée. Ce truc-là ferait certainement un boucan du diable en s'ouvrant. Si tant est qu'elle soit seulement capable de bouger une porte pareille ! En cherchant, elle vit que bon nombre de fenêtre étaient brisées. Parfait, un peu d'exercice et elle pourrait grimper par là. Mais il faudrait faire attention de ne pas se couper. Elle chercha donc une fenêtre adéquate, c'est-à-dire avec le moins possible de débris de verre, et se mit en besogne. Elle comprit rapidement qu'elle aurait du faire un peu plus d'efforts en gym. Ce que ça pouvait être dur de grimper par une fenêtre ! Pourtant à la télé ils faisaient tous ça comme si de rien n'était !

Vingt bonne minutes d'efforts et de jurons étouffés plus tard, elle se trouvait enfin à l'intérieur. Par chance, elle était dans une vaste salle remplie de vieilles machines occupées à rouiller sur place et dotée de nombreuses portes dont plusieurs étaient ouvertes. Elle put donc se faufiler dans les couloirs de l'usine. Il lui fallut encore 20 autres minutes pour trouver un escalier permettant d'aller à l'étage. Elle se fit alors attentive afin de trouver l'endroit où se cachait la personne qu'elle pensait avoir vue par la fenêtre. Heureusement ses pieds nus ne faisaient pas de bruit sur le sol métallique. C'eut été beaucoup plus dur avec ses souliers. Elle finit par entendre un bruit dans une salle dont la porte était entrebâillée. Elle resta plantée là un moment à chercher du courage puis se décida à ouvrir la porte. C'est ainsi qu'elle se retrouva en face d'Angeline, pas trop sûre d'elle et ne sachant pas si l'autre allait la voir ou pas.

Bonjour… Que puis-je pour vous ?

Chimère Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 26/04/2009

En entrant dans cette pièce, Marianna avait ressenti tout un tas d'émotions contradictoires. Curiosité et angoisse étaient les plus fortes. Elle voulait savoir qui était là mais avait si peur d'être déçue. Que se passerait-il si elle tombait sur quelqu'un qui ne la verrait pas ? D'ailleurs que se passerait-il aussi si la personne la voyait ? Elle avait tellement envie de pouvoir parler avec quelqu'un qu'elle avait foncé tête baissée vers une personne dont elle ne savait rien.

Finalement elle se retrouva devant une jeune femme. Plus jeune qu'elle visiblement. Très jolie aussi malgré une tristesse qui marquait ses traits. Ou peut-être bien que cette tristesse la rendait encore plus jolie aux yeux de Marianna. Elle semblait aussi douce que triste et posa sur Marianna un regard empli de sympathie. Mais ce regard avait une drôle de particularité. Ses yeux étaient verts mais pas le vet habituel pour des yeux. On aurait dit deux billes de matière phosphorescente. Ce détail frappa Marianna. C'était peut-être ça qui permettait à cette fille de la voir. Peut-être était-elle une sorte de médium ou ... de sorcière ? Peu importait !

La femme lui parla d'une voix douce, si douce qu'on aurait cru qu'elle sortait d'un rêve. D'ailleurs c'était peut-être ça. Elle devait rêver. Sinon pourquoi cette femme lui demanderait ce qu'elle pouvait faire pour elle au lieu de lui dire de ficher le camp de ce qui était visiblement sa chambre ? Non des choses comme-ça ne se produisaient pas dans la réalité ! Dans la réalité les gens bousculaient Marianna et l'envoyaient dans les flaques d'eau. Et cette femme lui parlait avant d'aller s'asseoir sur son lit comme si tout cela était parfaitement normal ... Marianna se pinça sans ménagement pour se réveiller mais ne réussit qu'à se faire très mal.Demain elle aurait sûrement un bleu tiens ! Elle ouvrit la bouche pour répondre mais les mots se bousculaient tellement qu'au final elle n'arriva pas à en sortir un seul et resta bouche ouverte pendant deux bonnes minutes. Finalement elle arriva à trouver un coin par où commencer.

Vous ... vous pouvez me voir ?

Vous pouvez me voir !

Oh merci merci merci !

Des larmes de joie commencèrent à couler sur les joues de Marianna. Les émotions dans son petit coeur avaient eu raison d'elle. Le trop plein devait sortir et ça se manifesta ainsi. Elle n'aurait su dire pourquoi mais il lui semblait très important de plaire à cette femme. C'était peut-être parce que c'était la seule qui pouvait la voir ? C'était sans-doute pour ça qu'elle avait l'impression que cette rencontre était si importante. Marianna se sentit un peu désemparée, elle n'avait jamais vécu ce genre de situation auparavant. Avant elle vivait tout dans les livres et les gens n'avaient pas ce genre de problème dans les livres. Nan tout y était très facile ... comme de grimper par les fenêtres. Elle se laissa donc aller aux larmes de joie et hésitait à aller dans les bras d'Angeline.

Je ... je sais pas ce que vous pouvez faire pour moi ...

Je comprends plus rien depuis que les gens me voient plus ... enfin ils me voyaient pas beaucoup avant mais ... je pouvais leur parler au moins ...

Je suis venue parce que ... je pensais trouver des gens comme-moi ici ... mais je sais pas si c'est le cas ...

Oh et euh, j'en oublie de me présenter ... je m'appelle Marianna Maripova mais les gens m'ont surnommée Cortex ... il paraît que je leur fais penser à la souris du dessin animé ...

Soudainement, ses jambes décidèrent qu'il était temps qu'elle leur accorde une pause. Elle s'assit donc par terre en face d'Angeline et la regarda de ses grands yeux enfantins. En ce moment-là, bien malin qui eut pu dire laquelle des deux était la plus jeune. Marianna Attendait qu'Angeline réagisse à son petit discours.

Je suis Angeline, mais on m’appelle Angie. Vous ne risquez rien ici. Vous êtes dans le repère des Chimères, bienvenue. Vous pouvez rester ici si vous le voulez. Nous sommes plusieurs et vous ne serez plus seule.

Depuis combien de temps… Etes vous morte au yeux du monde ?

Un grondement sourd au-dessus de la tête du petit garçon le fit sursauter, et interrompre sa progression. Il leva des yeux fluorescents et inquiets en direction d’un ciel bien trop noir à son goût, et ses joues ornées de tâches de rousseur pâlirent rapidement. Il n’aimait pas l’orage. Mais alors pas du tout. Apeuré, il accéléra l’allure, buttant sur les graviers irréguliers qui le menaient lentement mais surement jusqu’au quartier industriel désaffecté. A présent, sa priorité était de se mettre à l’abri, n’importe où. Echapper à ce grondement qui semblait le suivre… le pourchasser. Ses pieds nus lui faisaient mal à force de piétiner des cailloux parfois tranchants, mais la peur lui fit momentanément oublier la douleur. La respiration saccadée, il en vint même à courir, dès lors qu’une grosse goutte s’écrasa sur son nez, prémisse de l’averse à venir.

A bout de souffle, il atteignit enfin l’endroit qu’on lui avait indiqué vaguement. Evidemment, les conversations volées qu’il avait recueillies n’étaient rien de plus que des on-dits. Peut-être n’y avait-il rien de particulier dans ce bâtiment-là. Mais l’enfant à l’imagination débordante y voyait déjà un repère de rebelles. De gens bien œuvrant pour la protection des habitants d’Hellwood. Il sourit malgré sa terreur de l’orage à ses trousses, et leva son visage pour observer l’immense bâtisse désaffectée. Elle avait un aspect sinistre et très peu rassurant, qui lui fit venir un frisson… Cela ressemblait davantage à un quartier général de méchants, ça, non ? Alec fronça son petit nez. Non, les méchants étaient dans la forêt, tout le monde le disait… Ici, un Invisible le lui avait expliqué, il y avait une jeune femme très belle et très gentille, qui s’occupait des habitants. Alec avait eu envie de l’aider. Angeline. On lui avait dit qu’elle s’appelait ainsi. C’était joli… Ca ressemblait à un ange. Si la jeune femme était aussi gentille que son prénom le suggérait, le petit garçon n’avait rien à craindre.

L’averse s’intensifia, et il n’eut d’autre choix que de s’avancer précipitamment vers la porte. Trop grande pour lui. Il n’arriverait jamais à l’ouvrir, même avec la force de ses petits bras. En revanche… il aperçut des fenêtres à sa portée, brisées par l’âge. Il pouvait sans mal s’y glisser. Ce n’était pas le premier exercice auquel il s’adonnait. En deux bonds, il fut à hauteur de la fenêtre la plus proche, et s’y faufila rapidement pour éviter la pluie qui le mouillait jusqu’aux os. Ce qu’il n’avait pas du tout calculé, c’était les quelques morceaux de verre traître qui taquinaient ses vêtements. L’un d’entre eux déchira son pantalon, un autre s’enfonça légèrement dans son poignet, y laissant une trace ensanglantée.

Le petit garçon gémit de surprise, et des larmes perlèrent aussitôt dans ses yeux, tandis qu’il sautait de la fenêtre pour atterrir à l’intérieur de l’usine. Il plaqua une main autour de son poignet écorché, retenant un sanglot. Ca faisait mal… Il inspira profondément, évitant de regarder la couleur rouge du sang. Il n’avait jamais beaucoup aimé ça. Refoulant ses larmes, il tituba dans la salle principale, déserte, cherchant âme qui vive. Le tonnerre gronda tout près, et il frissonna. L’endroit n’était pas rassurant. Il avait peur. Et mal.

Il n’osa pas crier « Il y a quelqu’un ? », comme il aurait eu envie de le faire, et avança prudemment… pour se figer subitement en entendant des voix, à l’étage. Son cœur loupa un battement. Elles étaient douces, ces voix… Des jeunes filles. Leurs intonations étaient infiniment rassurantes, pour un petit garçon effrayé par l’orage, perdu dans une usine désaffectée. Rapidement, Alec trouva d’où elles provenaient, et grimpa les escaliers avec maladresse, pour trébucher presque jusqu’à la chambre d’Angeline. Il n’avait pas eu l’intention d’entrer si brusquement. La vérité c’était qu’il avait failli tomber, et avait poussé la porte malgré lui. Déséquilibré, il se retint de justesse à la poignée, et entre ouvrit la bouche, catastrophé d’avoir pu les interrompre.

- Oh… P… Pardon…

Sa voix faible mourut sur ses lèvres, et ses grands yeux fluo s’agrandirent d’appréhension, tandis qu’il serrait de nouveau son poignet écorché contre lui, des larmes prisonnières au coin de ses yeux. Il hésita à ressortir aussitôt, mais la peur de l’orage et le besoin de compagnie fut plus fort que sa timidité… Il observa les deux jeunes femmes assises sur le lit, vaguement rassuré. Elles avaient l’air gentil. La douceur de l’une d’entre elles, ainsi que ses longs cheveux noirs collèrent parfaitement à la description qu’on lui avait faite de la chef des Chimères.

Il la regarda avec appréhension, puis murmura :

- Exc… Excusez-moi, j’voulais pas vous… déranger. J’… j’ai peur de l’orage et je me suis fait mal, là-bas…

L’enfant rougit légèrement, en se mordant la lèvre. Ses pensées s’entrechoquaient jusqu’à ses lèvres, et il n’arrivait pas à les ordonner. Ce n’était pas par là qu’il fallait commencer… Après un temps de silence, il reprit courageusement, relevant son menton tremblant :

- Je m’appelle Alec. Alec Eirlys. Je… C’est vous, Angeline ? On m’a dit que vous aidiez les gens… Je suis venu vous aider.

Alec baissa de nouveau la tête, intimidé par les deux jeunes femmes en face de lui. Il était à deux doigts de rebrousser chemin, malgré l’averse et l’orage menaçant au dehors.

Chimère Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 26/04/2009

Alors même que Marianna n'osait pas aller vers cette fille si belle, voilà que c'était elle qui venait vers Marianna. Elle la prit dans ses bras comme si elles avaient été amies de longue date. Marianna ne se souvenait pas de quand datait la dernière fois que quelqu'un l'avait prise dans ses bras. Elle se présenta, la rassura et lui offrit de rester ici. Il y en avait d'autres encore ! C'était si incroyable, la petite bibliothécaire ne savait plus comment réagir et se laissa doucement guider jusqu'au lit. Elle ne cessait de s'émerveiller de la tournure que prenaient les choses. Cette situation était si insolite et si incongrue que Marianna en était bouche bée.

Angie était si douce. Et ce sourire ... Marianna aurait voulu que ce moment dure éternellement, qu'elle puisse simplement rester là à contempler cet ange qu'elle avait juste à côté d'elle. Elle avait l'impression de se retrouver devant une fille parfaite et si remplie de gentillesse et de compassion. Son coeur allait sans doute exploser de reconnaissance. Oui c'était sans doute ça qui lui nouait les entrailles comme-ça ! Il fallait qu'elle remercie cette fille ! D'ailleurs elle venait de lui poser une question. Il faudrait répondre.

Eh bien je ..... je crois que ça doit faire ... trois semaines ... enfin trois semaines que j'ai compris mais je sais pas depuis combien de temps je l'étais avant ...

Mais je, je dois vous remercier pour votre gentillesse. C'est si ... tellement .... enfin merci de m'offrir l'hospitalité. J'avais vraiment besoin de trouver un endroit où dormir pour ne plus être à la rue. Mais je vous dédommagerais hein ! J'ai pas d'argent mais je peux me rendre utile. Je sais cuisiner et faire le ménage et ...

Et c'est à ce moment-là qu'un petit garçon trébucha dans l'entrée de la chambre et ne se rattrapa qu'au dernier moment à la poignée de la porte. La grimace qu'il fit en tirant sur sa plaie fraîche fit à Marianna l'effet d'un couteau qu'on aurait planté dans son coeur. Il s'excusa de son entrée et resta coi pendant un instant tout en les regardant avec appréhension. Puis il expliqua qu'il avait peur de l'orage avant de se mettre à contempler ses pieds nus. Au bout d'un autre instant il finit par se présenter et demander si il avait bien affaire à Angeline.

En voyant ce garçon au bord des larmes et de la panique, Marianna sentit quelque-chose se réveiller en elle. Il faut bien le dire Alec était très jeune et Marianna aurait très bien pu être sa mère. Aussi n'est-il que normal que le gamin ait éveillé la fibre maternelle de la jeune-femme. Elle se leva du lit et vint le prendre dans ses bras avec douceur et tendresse. Un geste qu'elle n'avais jamais eu auparavant mais qui lui sembla si naturel qu'elle ne se posa pas de question. Elle le guida à son tour jusqu'au lit et le fit asseoir sur ses genoux pour jeter un coup d'oeil à la blessure.

Bien qu'elle n'ait pas de réelle formation médicale, elle avait tout de même un brevet de secouriste. Ce fut suffisant pour savoir que la blessure d'Alec avait besoin d'être désinfectée et pansée. Malheureusement Marianna n'avait rien pour désinfecter sur elle. elle se tourna vers Angie et la regarda dans ses beaux yeux verts.

Est-ce que vous auriez de l'eau ou ... peut-être de l'alcool pour soigner cette coupure ?

Pendant qu'elle disait ça elle faisait pression sur le bras d'Alec pour stopper le saignement. Elle regarda l'enfant et lui sourit affectueusement.

Je sais que je dois te faire mal mais il faut que ça arrête de saigner. Et puis tu n'as pas besoin de t'excuser, tu ne déranges pas du tout, si il le faut je te donnerai ma place pour que tu puisses dormir à l'abri de l'orage.

L’orage… Qu’est-ce que la joueuse déteste ça. Les prunelles fluorescentes se détourner de Marianna pour se poser sur la fenêtre de sa chambre. Un frisson la parcourut. Le temps n’était jamais en leur faveur par ici. Hellwood était vraiment une ville maudite. En plus des disparitions, le temps n’était guère très encouragent. Le bruit que pouvait faire Alec ne semblait pas arriver aux oreilles de la demoiselle car la foudre s’abattait non loin d’ici. Qu’est-ce qu’elle déteste cela. Mais finalement, quittant la fenêtre des yeux pour s’occuper de la jeune femme paniquée assise sur son lit, Angeline ne s’occupait plus du temps qu’il faisait. Un sourire, toujours aussi tendre et doux qu’à l’accoutumé. Malgré les misères qu’elle avait pu connaître, la demoiselle aux longs cheveux brun n’avait jamais abandonné son prochain et avait toujours était douce envers les autres. Pourtant, elle aurait très bien pu faire comme Aislinn, changer ne nom, et se venger des horreurs qu’elle avait connut par le passé.

Des remerciements ? C’était si rare qu’on lui en faisait. Angeline ne sourira que de plus belle. Elle secoua la tête lorsqu’elle entendit « dédommagement ». Hors de question qu’on la remercie d’être.. Elle-même. Elle refusera catégoriquement, pourtant elle ne perdait en rien son sourire.

Hors de question que vous me remboursez de quoi que ce soit… Bien que votre don culinaire nous aiderait… On est pas des cordons bleus.

Puis soudainement, la voilà interrompu par un petit garçon faisant irruption dans sa chambre. Ses yeux, étaient aussi vert que les siens ou que celle de Marianna. Invisible ? Abandonné déjà à son âge. Angeline ne pouvait pas le croire mais elle n’eu pas vraiment le temps de croire quoi que ce soit en voyant l’état du jeune homme. Première réaction, elle se relève brusquement pour aller chercher une couverture qu’elle avait voler dans un magasin. Gentille et douce mais il fallait bien survivre aussi, et voler était parfois nécessaire au bien être de ses « protégés ». La couverture viendra doucement se poser sur les épaules d’Alec. Joli nom que voilà alors qu’elle lui sourira doucement.

Calme toi… Tu ne risque plus rien.. Réchauffe toi..

Un sourire alors qu’elle penche la tête un peu sur le coté en lui donnant un air adorable et enfantin. La demoiselle viendra poser sa main douce sur son épaule avant de voir qu’il était blessé. OMG ! Heu.. Elle doit bien avoir de quoi nettoyer cette vilaine plait. Mais alors qu’elle réfléchissait au lieu ou elle aurait pu ranger le nécessaire de soin, les paroles d’Alec la surprise. Ce nom de famille… La fige brusquement. Les yeux grands ouverts avant de secouer la tête. Elle ne dira rien. Était-il de la famille de Night’. Elle ne le savait pas encore mais ce n’était pas du tout le plus important. Elle reprit rapidement son sourire alors qu’elle prendra sa main pour regarder le poignet..

Je vais soigner ça Poussin. Va te réchauffer dans le lit. Tu dois être fatigué.

Voilà ! J’ai réussit à caser mon surnom du feu de Dieu xD. Alec aura Poussin en nom de code maintenant Hihi. Mais Marianna avait déjà pris les devant et l’amana sur le lit. . Les prunelles se poseront ensuite sur Marianna alors qu’elle abandonne quelques instants Alec pour aller chercher de quoi le soigner. Bon… Alcool ? TROUVE ! Y’a un alcoolique chez les chimères :P elle ira chercher sa bouteille tant pis, ça piquera mais vaut mieux cela qu’il perd un bras. Elle leur demandera de l’excuser quelques minutes pour aller dans une pièce pas très loin. Le bâtiment était désert a part elle, tout le monde était de sortie. Enfin, le peu de personnes vivants ici. La bouteille sera trouver et elle trouvera même du tissu propre pour en faire un bandage.

Alec ne comprit pas bien ce qui se passa par la suite. Les yeux baissés, comme s’il portait un intérêt soudain pour le sol qui n’avait pourtant rien de bien passionnant, il se sentait soulagé d’avoir réussi à faire une phrase complète. A s’adresser correctement à ces deux dames qu’il avait dérangées sans le vouloir. Très loin à ses oreilles résonnait encore le grondement de l’orage. Plus proche, le sang battait contre ses tempes et glissait doucement le long de ses doigts posés sur son poignet. Ca piquait. Et ça n’était pas très agréable. Mais ce qui le perturbait plus encore, c’était d’être là, soudainement objet de tant… d’attentions ?

Avant d’avoir pu réaliser ce qu’il se produisait, le petit garçon sentit des bras se refermer autour de lui et découvrit avec stupeur une étreinte chaleureuse qui lui plut, tant elle était tendre et simple. Alec cligna des yeux, sans avoir pu empêcher un bref mouvement de recul craintif, comme un animal traqué. Mais la dame avait l’air gentil, elle aussi… C’était une tendresse inattendue et nouvelle, qu’il rencontrait sans même l’avoir demandée. Trop stupéfait pour réagir, Alec se laissa guider par Marianna jusqu'au lit, sur lequel il s’assit sagement, encore tout retourné de l’étrange preuve d’affection qu’une inconnue venait d’avoir pour lui.

Il n’arrivait plus à se souvenir d’avoir déjà fait l’objet de ce genre d’étreinte… S’il l’avait pu, il l’aurait bien comparée à l’étreinte de sa mère… mais cela, il ne la connaissait pas. Même intimidé ainsi, Alec sentit ses lèvres esquisser un petit sourire. Il aimait bien ce genre de gestes dont il n’avait que guère l’habitude. Il se sentait à moitié rassuré, et à moitié plus intimidé encore… Un frisson traversa son dos, et un coup de tonnerre retentit de plus belle, au moment où Angeline déposait une couverture sur les épaules du petit garçon.

Celui-ci ouvrit grand les yeux, ébahi, et s’emmitoufla aussitôt dans la couverture, tremblant de froid.

- Merci… murmura-t-il d’une toute petite voix, presque inaudible, comme s’il avait peur de faire une erreur et de perdre soudain cette chaleur et cette tendresse inattendues.

Il redressa légèrement son visage vers les deux jeunes femmes qui l’entouraient, ses yeux verts brillant d’une reconnaissance infinie… comme s’ils étaient remplis de larmes. D’ailleurs, il sentait bien qu’elles n’étaient pas loin, mais il n’avait pas envie de pleurer. Ce n’était pas poli. Faute de mieux, il essuya ses joues humides de l’eau de pluie du dehors, puis éternua bruyamment, avant de s’enrouler de plus belle dans la couverture. La main d’Angeline, sur son épaule, le fit légèrement sursauter, mais son visage était si doux et si calme qu’il se mit à sourire à son tour.

Tout allait bien… On s’occupait de lui. Le cœur du petit garçon était étrangement gonflé, comme prêt à éclater sous un trop plein d’émotions. Tout ça… tout ça pour lui ? Non, ce n’était pas possible. Elles se trompaient de personne, peut-être. Un instant, en observant le magnifique visage d’Angeline – et en découvrant qu’effectivement, elle ressemblait à un ange – il crut y voir une sorte d’intense surprise face à ce qu’il avait dit. Il paniqua. Il avait dit quelque chose de mal ? Elle n’avait pas l’air très bien…

Mais alors qu’il allait oser ouvrir la bouche pour s’excuser d’on-ne-savait-trop-quoi encore, Marianna l’interrompit en se mettant à examiner sa blessure. Alec grimaça et frissonna instinctivement, appréhendant la suite des évènements. Les yeux mi-clos, il n’osait pas regarder le sang sur son bras, mais cela le picotait dangereusement. De l’eau ? De l’alcool ? Le regard du petit garçon passa d’un visage à l’autre, de plus en plus inquiet… Le grondement de l’orage était plus loin encore dans son esprit, à présent.

Il tenta de se concentrer sur les paroles de Marianna, qui appuyait fortement sur son bras pour faire cesser le saignement, ce qui provoquait de faibles gémissements plaintifs de la part de l’enfant. Elle essayait de lui expliquer qu’elle voulait le soigner… Oui, oui, d’accord… Mais pourquoi ça faisait encore mal ? Les larmes perlèrent de plus belle dans ses yeux, mêlant le soulagement à la douleur. Il fit un effort pour hocher courageusement la tête en signe d’approbation.

Enfin… Sauf lorsqu’elle se proposa de lui donner sa place pour dormir à l’abri. Là, les yeux de l’enfant s’agrandirent plus encore, et il secoua vivement la tête, en s’exclamant :

- Non, non, y faut pas ! Y faut pas faire tout ça pour moi !

Alec serrait les dents et fixait Marianna presque avec une sorte de supplique. Elles étaient gentilles, toutes les deux… Trop. Il se sentait un peu perdu. L’enfant reporta son attention sur Angeline, qui l’enjoignait à aller se coucher, tout en l’appelant « Poussin ». Il lui adressa un petit sourire doux, comme pour lui faire comprendre qu’il adoptait déjà son nouveau surnom, et réussit à murmurer :

- Merci…

Qui s’adressait autant à Angeline qu’à Marianna, d’ailleurs. Il remonta ensuite la couverture jusqu’à sa tête, et se cacha presque entièrement dedans, de sorte qu’il ne resta plus que le bout de son nez, quelques mèches de ses cheveux, et bien sûr son bras blessé, de visibles. La chaleur remontait peu à peu dans ses membres, et malgré ses tremblements et le picotement de l’écorchure, il se sentait mieux.

Lorsqu’Angeline revint, en revanche, il recommença à sérieusement s’inquiéter, et braqua un regard perplexe en direction de la bouteille qu’elle tenait à la main, de même que sur les bandages, qui, bizarrement, ne lui disaient rien qui vaille.

L’enfant étouffa un petit cri et se recroquevilla sur lui-même. S’il y avait une autre chose qu’il n’appréciait pas davantage que l’orage, c’était bien les bobos. Ca faisait toujours un mal de chien, quand Papa le soignait, autrefois. Ca brûlait partout. Angoissé, il fixa la bouteille d’alcool et plissa le nez, en demandant :

- Ca… ça fait mal, ça, hein ? Ca va… piquer ?

Le petit garçon jaugea la bouteille comme s’il s’agissait du plus terrible adversaire jamais affronté, le corps tendu.

- C’est pas la peine, c’est juste un petit peu de sang, mais ça va s’arrêter. C’est la fenêtre qui n’a pas été gentille avec moi. J’ai pas fait attention…

Comme quoi, c’était lorsqu’il était effrayé par quelque chose qu’il faisait les plus longues phrases…

Chimère Nombre de messages : 51 Date d'inscription : 26/04/2009

Encore une fois tout un flot d'émotions inondait le coeur de Marianna. Elle sentait ce petit garçon frémissant de peur sur ses genoux et se rendait compte à quel point elle appréciait de le serrer contre-elle. C'était tout nouveau pour elle mais son instinct avait pris le dessus et elle avait agi sans se poser de question. A présent elle se retrouver à cajoler et tenter de rassurer un petit garçon. Elle ne savait pas trop si elle était douée pour ça mais elle n'avait pas envie qu'il s'en aille. Elle le sentit frissonner mais en même temps il s'agrippait à elle comme si lui non plus n'avait pas envie de partir. Il remercia Angeline qui lui avait donné une couverture dans laquelle il s'était emmitouflé. Marianna l'aida à se couvrir, le pauvre était trempé par la pluie et grelottait de froid. D'ailleurs il en avait dans le visage qu'il essuya même si Marianna soupçonna qu'il n'y avait pas que de la pluie sur ces joues. Il éternua aussi et la jeune-femme eut un peu peur qu'il n'ait attrapé un mauvais rhume. C'eut été ennuyeux car il aurait alors fallu lui trouver des médicaments. Elle se promit de surveiller ça pour s'assurer de la santé de l'enfant.

Il eut l'air un peu paniqué quand elle examina sa blessure et elle vit bien que la notion d'alcool n'était pas pour le rassurer. Il fallait pourtant désinfecter cette plaie. Elle voulait le rassurer. Mais elle n'avait pas beaucoup d'expérience pour ne pas dire qu'elle n'en avait pas du tout. Pourtant elle comprenait qu'il avait peur d'avoir mal. Plus encore que ce n'était déjà le cas. Elle déposa alors un tendre bisou sur son front et lui parla d'une voix douce et apaisante.

Si ça te fait mal c'est parce que ton bras est abîmé. C'est comme-ça qu'il te fait savoir que ça ne va pas bien. Tu viens de te couper et ton corps est affolé alors il crie. On va te soigner et ça ira mieux après. Et pour ce qui est de la place, je ne supporterais pas de rester sous un toit alors qu'un aussi gentil petit garçon serait dehors. Alors je te propose qu'on partage la place. Comme-ça en plus si tu as peur tu pourras te serrer contre-moi. Tu es d'accord ?

C'est alors qu'Angeline revint avec une bouteille d'alcool et du tissu propre. L'alcool n'était pas exactement destiné à servir de désinfectant mais ça tuerait les germes. Et puis au moins ce genre d'alcool là piquerait moins que de l'alcool pur. Marianna sourit à Alec pour tenter de le rassurer. Elle reprit de la même voix que précédemment, pas exactement le ton qu'on emploie habituellement avec les enfants car elle ne prenait pas Alec pour un bébé, mais la voix d'une maman, chaude et rassurante.

Ca va piquer un peu oui mais je vais en mettre juste ce qu'il faut comme ça ça ne piquera pas trop d'accord ? Et puis c'est moins fort que du désinfectant. Si tu es brave ça ne prendra que quelques secondes et on pourra te faire un pansement. Et oui c'est un petit bobo qui sera vite guéri si on fait ce qu'il faut. Mais la fenêtre était sale et si on ne nettoie pas tu risques d'avoir beaucoup plus mal. Tu ne veux pas que ça s'infecte hein ?

Comme elle se doutait un peu de la réponse, elle prit doucement le bras qui ne saignait déjà plus et le positionna de façon à ce qu'elle puisse le nettoyer. Elle prit l'alcool et en imbiba un bout de tissu avec lequel elle tamponna la plaie en douceur pour la nettoyer de tout le sang en train de coaguler et aussi de la crasse. Quand la plaie fut propre elle laissa à Angie le soin de faire un bandage avec le reste du tissu. Pendant ce temps elle s'occupa de câliner Alec.

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