Besoin de médicaments [semi-libre / PNJ]

Le quartier commercial de Hellwood perdu sous la pluie incessante de ces derniers jours. A croire que cette pluie battante était responsable de l'invisibilité des gens à force de les laver soir et matin. Belle idée que voilà, très poétique ! Mais ça n'allait pas aider Marianna à se procurer des médicaments. En cheminant, elle réfléchissait au meilleur endroit pour en trouver.
L'hôpital ? Trop compliqué, il aurait fallu trouver l'endroit où sont stockés les médicaments, puis attendre d'être seule et enfin faire traverser le bâtiment à des boites de médicaments qui ne seraient pas devenues invisibles ... Beaucoup trop compliqué ! Un médecin ? Pas évident non plus. Pas garanti qu'il ait ce qu'il lui fallait surtout. Il ne restait plus trente-six endroits où elle pouvait trouver des médicaments, il fallait aller dans une pharmacie.

Elle choisit une petite pharmacie de quartier. Celle où elle avait l'habitude d'aller avant de ... changer. Il n'y avait en général qu'une ou deux personnes qui y travaillaient en même temps. Elle y arriva devant l'établissement et soupira longuement. Première difficulté : y entrer discrètement. Par chance pour elle, un client sortir et referma mal la porte, qu'un coup de vent rouvrit tout grand. Elle n'eut qu'à se faufiler à l'intérieur avant que quelqu'un ne vienne la fermer. Comme prévu il n'y avait là qu'un employé et deux clientes. Voilà qui lui faciliterait les choses. Elle se faufila dans l'arrière-boutique où étaient stockés les médicaments. Il ne restait plus qu'à guetter un moment où elle serait seule pour aller fourrer son nez dans les armoires.

Elle n'eut pas à attendre bien longtemps pour se retrouver seule dans l'arrière boutique. Il n'y avait qu'un seul employé pour servir les clientes et tant qu'il était à la caisse il ne se trouvait pas dans la pièce où étaient stockés les médicaments. Dès que le champ fut libre, Marianna alla voir ce qu'elle pouvait trouver. Elle commença par lire les informations sur les boites. Il lui fallait quelque-chose pour désinfecter, quelque-chose contre la douleur et puis un traitement antibiotique pour éviter que ... enfin que la blessure euh ... fasse de problèmes voilà ! C'était pour ça qu'elle ne voulait pas mettre une telle responsabilité sur le dos du petit Alec. elle aurait déjà bien assez de remords si elle se trompait dans son choix.

L'ennui avec sa technique c'était que le pharmacien revenait de temps en temps et l'obligeait donc à se mettre de côté et à attendre qu'il ressorte. Le temps qu'elle ait repéré les choses dont elle avait besoin, il avait servi cinq personnes. Mais mieux valait prendre du temps que de choisir n'importe-quoi au hasard. Marianna soupira, c'était maintenant qu'il allait lui falloir un plan génial pour s'emparer des médicaments et les sortir de là sans se faire remarquer. Elle n'y avait pas encore vraiment réfléchi. Elle observa la pièce. C'était une salle carrée avec plein d'étagères remplies de médicaments, une porte derrière elle donnant sur la boutique et une autre à sa droite donnant sur ... probablement une salle pour le personnel. Des vestiaires peut-être ? Se pouvait-il qu'il y ait une porte de derrière ? Ou même une simple fenêtre ?

Elle approcha de la porte en question mais ne put rien voir sans l'ouvrir car elle n'avait pas de vitre. Fort heureusement c'était une porte assez neuve. Marianna se risqua donc à presser sur la poignée qui ne fit aucun bruit. Tremblant de partout, elle poussa le battant et regarda dans l'autre pièce. Pas de porte de derrière dans cette salle. Rien qu'un vieux bureau surchargé de papiers, une chaise plus récente et une armoire qui semblait sur le point de vomir des dossiers. Une salle d'archives sans doute. Marianna soupira, ce n'était pas par ici qu'elle pourrait faire sortir quoi que ce soit. Cependant elle vit juste avant de fermer une chose qui pourrait l'aider : des blouses blanches. Certes ces blouses en coton ne l'aideraient pas à se déguiser. Mais avec ça au moins elle pourrait mettre tous les médicaments dans un balluchon plus facile à porter.

C'est à ce moment-là que le pharmacien revint dans l'arrière salle pour voir la porte des archives ouverte à moitié. Marianna n'eut que le temps de bondir à l'intérieur de la pièce avant qu'il referme la porte en maugréant des paroles chargées de noms d'oiseaux à l'encontre de la porte. La voilà bien, si elle avait été visible on aurait pu se rendre compte qu'elle était devenue aussi pâle que les blouses blanches. Son coeur battait comme s'il avait subitement décidé de passer la cinquième et elle tremblait tellement que, pour un peu, elle se serait attendue à entre ses genoux jouer des castagnettes comme dans les dessins animés. Elle resta ainsi durant ce qui lui parut comme un très long moment. Elle avait peur d'entre un bruit de serrure se verrouillant mais rien ne vint. Elle avait aussi conscience qu'elle ne pouvait pas voir ce que faisait le pharmacien et ça n'aidait vraiment pas à calmer ses nerfs.

Finalement elle entendit un bruit de pas qui s'éloignaient vers la boutique. Elle soupira longuement et se dirigea vers la porte. Elle était sur le point d'ouvrir quand elle se souvint qu'il faudrait peut-être prendre une blouse si elle voulait mettre son plan à exécution. Oui enfin son début de plan hein parce que c'était encore bien loin d'être abouti. Bref elle alla prendre une blouse et revint ouvrir la porte. Elle failli éclater de rire en constatant que la porte n'avait aucune serrure. Autant pour sa peur de se faire enfermer. La salle suivante était libre, le pharmacien n'y était plus. Elle se risqua à aller voir où il en était et vit qu'il expliquait ses médicaments à un client. La seule autre personne présente dans la pharmacie à ce moment-là.

Marianna se dépêcha de remplir la blouse avec les médicaments qu'elle avait sélectionnés et la posa dans un coin sombre en espérant que le pharmacien n'allait pas la voir. Le client fut servi et repartit. Bien elle avait donc une chance à présent. Le mieux serait de faire diversion mais comment ? Elle finit par avoir une idée et alla aussi silencieusement qu'elle le pouvait dans la pièce des archives. Cette histoire tournait un peu en rond mais tant pis il fallait bien sortir de là hein. Elle fonça sur l'armoire et ouvrit en grand les deux battants. Comme elle s'y attendait le contenu de ladite armoire se fit une joie de se répandre sur le sol. Et bien sur cela fit un vacarme assez impressionnant. Elle n'eut que le temps de se pousser avant que le pharmacien n'arrive en trombe pour voir ce qu'il se passait.

Il manque de peu de la bousculer mais elle parvint à se pousser à temps et se dépêcha de sortir par la porte qu'il avait laissée ouverte. Elle attrapa son balluchon et courut vers la sortie. Juste au moment où la porte s'ouvrait sur un client. Morte de peur, Marianna se colla de côté en priant pour que le client ne l'aie pas vue. Enfin qu'il n'ait pas vu un sorte de machin blanc flotter dans les airs pour être précise. Il avait du voir quelque-chose car il se frottait les yeux en entrant mais il ne tourna pas la tête vers elle. En plus son entrée permit à Marianna de sortir discrètement. Et de se retrouver en pleine rue, dans le centre, avec une blouse blanche remplie de paquets de médicaments dans les bras ... Le coeur de Marianna décida à ce moment-là que ce serait vraiment super cool de rater cinq ou six battements.

Comment allait-elle bien pouvoir traverser toute la ville avec son précieux chargement si elle avait eu autant de mal à traverser une simple pharmacie ? Quelques battements ratés plus tard elle se ressaisit, se planqua dans un angle et réfléchit. Il allait falloir passer dans les endroits les moins fréquentés et faire très attention. Ce n'était pas tant d'être vue qui lui faisait peur mais qu'on puisse lui prendre ce qu'elle avait eu tant de mal à récupérer. Elle se sentit soudainement mal à l'idée de la difficulté de la tâche qu'elle avait confiée à la gentille jeune fille qui s'était présentée à l'usine. Mais il était trop tard pour penser à ça. Où plutôt ce n'était vraiment pas le moment. Marianna décida qu'elle aurait une sérieuse discussion avec son coeur une fois qu'elle serait rentrée à l'usine. Il fallait lui expliquer qu'on ne pouvait pas se permettre de défaillir ainsi à tout bout de champ pendant les moment les plus pénibles.

Une fois qu'elle eut retrouvé un semblant de courage, elle se lança à l'assaut de la ville et rentra à l'usine en passant par les pires quartiers qu'elle connaissait tout en prenant garde de ne pas se faire voir. Ce voyage lui prit le reste de la journée. Lorsqu'elle arriva à l'usine, la nuit commençait à poindre. Cruelle ironie, l'ombre qui l'aurait tant aidée n'arrivait que quand elle avait achevé sa quête.