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 Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]

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Hywel Eirlys
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Hywel Eirlys


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MessageSujet: Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]   Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] EmptyLun 27 Avr - 19:50

Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] Hywelmachinfiche

Lisa Mitchell - Neopolitan Dreams


-- IDENTITE -----------------------

Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] Hywel


Nom : Eirlys
Prénom : Hywel
Age : 17 ans
Surnom : Blindfold, mais c’est ainsi qu’elle s’auto - proclame, vu que personne ne l’appelle comme ça.

Groupe : Invisible depuis très peu de temps, il est fort probable qu’Hywel ne l’ait même pas encore découvert.
Job : Lycéenne solitaire, peut voguer sur quelques éventuels petits boulots pour se faire de l’argent de poche cependant.

-- DESCRIPTIONS -------------------

Physique :
Un visage pétillant et frais comme un son acidulé de clochette. Une bouche fine, qui esquisse un sourire gamin, et, couvertes de taches de rousseur taquines, des fossettes malicieuses qui se relèvent à chaque blague. Voilà Hywel et son visage enfantin. Quant à ses yeux… On pourrait les voir, si elle ne les camouflait pas derrière un bandeau noir. Dommage, pourrait-on dire, car ses yeux rieurs en amande, jusque – là d’un bleu clair apaisant, cachent malgré leur cécité bien des malices.

Espiègle, elle fait la grimace à un chien qui passe. C’est dommage qu’elle ne les voit pas, d’ailleurs, ces grimaces, parce qu’elle aurait adoré voir ses sourcils fins faire équipe avec ses joues rosées rien que pour le plaisir de créer un paradoxe quelconque de laideur et de rires.

Son corps, elle n’en connaît que ce qu’elle a pu tâter d’une main distraite. Quelques courbes discrètes, une poitrine bien faible, voilà une silhouette plutôt maigrichonne. Tant pis, il n’y aura qu’à faire illusion avec des vêtements un peu distingués, et aller faire de la balançoire en noir et en dentelle grossière. Autant pour les bas qui se râperont à la première chute, on n’est pas en sucre.

Et on y va, faisant voltiger le chapeau fétiche, aussi élégant que la tenue de sa propriétaire, noir avec une fleur de dentelle sur le pif. Hop, on vole, faisant voleter des cheveux blond foncés ! Et paf sur les graviers. Ouille. Encore un bleu sur la peau pâlichonne de la jeune aveugle. Pas grave, elle peut pas le voir, de toutes façons.

Le rire d’Hywel retentit comme un son de grelot, et s’envole dans l’air automnal qui traverse Hellwood. Contente de son saut, elle s’époussette, puis repart de sa démarche gambadante sans vraiment voir où elle va. Pas grave, elle trouvera bien.



Caractère :
On existe dans le regard des autres, il paraît. Hywel ne l’a jamais vu, ce regard, aussi pourrait-on dire qu’elle considère qu’elle n’existe pas vraiment, ou pas totalement.

Depuis qu’elle est petite, Hywel considère que ne pas voir le monde, c’est autant une malédiction qu’un don. Précisément parce que ne pas pouvoir voir, c’est ne pas s’emprisonner dans ce que les autres veulent qu’elle voit. Son petit noir à elle, c’est son petit univers, sa caboche, ses sentiments, ses sensations. Pas question de s’en plaindre !

Doux comme un toucher de coton, il y a déjà le fait de rêver. Oui, parce que rêver, mine de rien, ça occupe. Si Hywel ne se construit des images dans sa tête que par les odeurs, le toucher et les sons, elle a aussi la satisfaction de se savoir ailleurs. Loin des autres, du tumulte et du monde si dangereux. Et puis il y a aussi le fait d’être unique.

Etre unique, c’est un peu comme le toucher d’une écorce. Il n’y en pas deux pareilles, et souvent même lorsque l’on revient au même arbre, ce n’est pas la même sensation. Se sentir à part est un luxe qu’Hywel aime beaucoup s’offrir. Que ce soit en traînant dans la nature, en restant cloîtrée dans sa chambre ou en faisant croire à des camarades que la cécité fait voir des fantômes.

Mais vouloir être à part ne veut pas dire que l’on refuse que quelqu’un prenne soin de vous. N’ayant pas (vraiment) eu de présence maternelle à ses côtés, il ne semble pas poser de problèmes d’utiliser la cécité comme excuse pour rester une enfant, même à 17 ans. Oui, parce que même si on est intelligente et que l’on se pose des questions existentielles sur un monde qu’on ne voit pas, être gamine, c’est bien quand même. Etre gamine, ça permet de se cacher, d’être aimée, de faire rire. Etre gamine, ça permet de ne pas avoir à faire comme les autres, et de rester la protégée de sa grande sœur. Etre gamine, même si certains vous prennent pour une attardée, c’est rigolo. C’est aussi rigolo que l’odeur d’un poulet rôti, ça chatouille les sens.

Ce qui chatouille aussi, c’est l’inconstance des émotions. C’est plus comme la fumée, ça. Ca effleure la peau avant de s’y glisser en émettant une douce chaleur. Oui, et comme les humeurs de notre petite aveugle, cela peut paraître étrange, dur à appréhender même. Pourtant, même si c’est bizarre, c’est là. Caché. Dur à voir. Délicat.

Délicate, elle l’est également, d’une certaine manière. Paradoxe vis-à-vis de son langage hétéroclite et de son goût pour le risque, il se reflète notamment dans sa grande attention de ce qu’elle porte. Dans son esprit, si ses vêtements sont la seule chose sur laquelle elle peut influer concernant la vue extérieure que les autres ont d’elle, autant faire des efforts. Mais, étant aveugle, ses choix portent souvent sur le toucher, aussi n’est-il pas rare de la voir attifée de couleurs complètement improbables… C’est comme les fleurs, c’est doux à toucher et ça sent bon, mais elle ne peut en voir les couleurs…

Enfin, il y a la réflexion. Comparable au toucher du vent capricieux qui se joue de vous, le questionnement revient souvent dans l’esprit de notre brunette. Pourquoi la vie, la mort ? C’est quoi un poteau ? Pourquoi les gens s’aiment ou se détestent ? Pourquoi j’y vois rien ?

Et il y aussi la chose la plus belle, mais la plus dure à avoir. Ca, c’est plus comme une mélodie. L’admiration. Parce que même quand on est petite et faible, on veut être appréciée comme on est, et on s’accroche à quelqu’un. Pour Hywel, c’est Aislinn. Elle aurait voulu être comme elle, jolie, forte, grande, et tout.

Mais elle n’est qu’elle. Alors elle rit.



Particularité :
Si chaque enfant connaît le noir avant de naître, Hywel n’a jamais connu autre chose : aveugle de manière innée, aucune opération ne pourra à priori lui rendre la vue. Cependant, elle ne semble pas considérer sa cécité comme un handicap.


Dernière édition par Hywel Eirlys le Lun 27 Avr - 20:03, édité 4 fois
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Hywel Eirlys


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MessageSujet: Re: Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]   Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] EmptyLun 27 Avr - 19:51

-- BIOGRAPHIE ------------------

La famille : Si l’on demandait à Hywel ce qu’elle pense de sa famille, elle résumerait ça à deux mots : « Papa » et « Aislinn ».

Papa, pour sa gentillesse, la manière dont il la guidait à travers le magasin de musique en lui expliquant chaque genre avec une tendresse presque paternelle envers ces disques autant qu’envers elle-même. Papa, pour la façon dont il l’a élevée comme si c’était normal de ne pas percevoir qu’il y avait un mur devant. Papa, parce qu’il a comblé le vide qu’Ivanna a laissé.

Aislinn, parce que c’est elle qui a récupéré son Kenny moche. Aislinn, parce qu’elle est belle, même si Hywel n’a normalement pas le droit d’émettre de jugement. Aislinn, parce que même si elle a toujours été distante, on sent qu’elle est présente quand elle est là. Aislinn, parce qu’Hywel peut la voir et qu’elle chante bien. Aislinn, parce qu’elle est la main qui l’aide à trouver le chemin de l’école, le matin… Enfin, qu’elle était tout ça. Et maintenant, que va-t-elle faire sans sa soeur ? Hywel ne sait pas.

Bien sûr, comme tout le monde, Miss Blindfold a une mère. Mais Ivanna n’a à son sens que peu d’intérêt, si ce n’est celui d’être drôle à regarder – ou du moins à entendre. Bon, d’accord, il est indéniable qu’elle lui doit d’avoir été pondue et avant cela portée. Mais sinon, tintin.
«Cette femme, je ne crois pas que je la connais », résumera-t-elle à dix ans. Parce que si Hywel ignore superbement Ivanna, l’inverse est aussi vrai.

Quant à ses frères, enfin son demi-frère et son petit frère, elle s’en fiche un peu. C’est cruel de penser ça et elle assume, mais son demi-frère l’indiffère, et elle ne s’estime pas capable de protéger son petit frère de dix ans… Autant les laisser vivre.



Histoire :
Saviez-vous que pour les enfants qui vivent dans le noir, le noir n’est pas vraiment noir ? Oh, bien sûr, pour faire cette nuance, il faudrait qu’ils puissent comprendre ce qu’est une couleur, évidemment. Mais c’est injuste de dire qu’Hywel est née perdue dans le noir.

Un cri. C’est ainsi que tout commence. Ou que tout finit. Non, ce n’est pas ainsi que ça commence. Tout commence par un regard.

Le premier qu’elle eût, ou n’eût pas sur le monde. Si elle le pouvait, elle s’en souviendrait, du premier noir. Du souffle de l’air sur son visage mal dégrossi, du cri qu’elle aurait dû pousser mais ne poussa pas, guère impressionnée par une lumière qu’elle ne voyait de toutes manières pas… Du cri que poussa une autre personne, sa mère, lorsque John lui annonça que leur fille ne verrait jamais rien. Mais elle ne se serait de toutes façons pas souvenue qu’Aislinn était là, puisqu’elle ne prononça aucun mot.

Aucun mot, c’est ainsi qu’évolua la relation de la fillette à sa mère. Leurs rapports n’allaient même pas jusqu’à « Arrête de m’embêter » vu qu’Hywel n’embêtait personne. Et comment aurait-elle pu ? Il lui fallait une main pour l’amener à l’école, et chaque pas la faisait trébucher sur quelque chose. Ce fut ainsi que commença la vie d’Hywel : dans la peur de ce qu’elle était, dans le dégoût d’une mère qu’elle n’arrivait pas à comprendre… Mais aussi dans l’amour de son père.

Parce que son père n’avait pas peur, lui. Lorsqu’elle ne pouvait pas compter sur les autres, il l’emmenait lui-même à l’école, ou la gardait avec lui dans la boutique, à traîner dans un coin en tâtant le plancher et toutes les étagères unes par unes pour les différencier. Tout comme Aislinn, c’est de leur père qu’elle tint un goût prononcé pour la musique. A six ans, d’ailleurs, elle savait reconnaître les étagères à sa portée comme telle rubrique ou tel genre. Mais la peur restait là. Dès qu’elle shootait dans une canette, dès qu’un chien aboyait pas loin de ses jambes, ou même qu’elle sentait quelqu’un la frôler, elle tremblait ou manquait de tomber.

Et ce n’était pas seulement le paysage qui était hostile, car bientôt les gamins du coin comprirent que la petite fille bizarre qui s’asseyait sur le muret et n’allait jamais plus loin toute seule était aveugle. Et qui dit aveugle, dit, pas très capable de se défendre…

Hywel était juste tranquille, à se demander comment elle allait continuer à être aveugle, si cela valait la peine de chercher à voir, si ce que les autres voyaient valait la peine d’être vu. Parce qu’elle voulait pas voir, finalement. Elle serrait son nounours contre elle, doucement. Kenny.

- Hé, gamine.
Ses yeux vides ne bougèrent pas, mais elle tourna la tête en direction de la voix nasillarde qui l’avait alpaguée. Elle allait répliquer quelque chose, quand une main puissante la souleva de terre, arrachant au passage le pauvre Kenny à ses bras de petite fille.
-Non ! C’est pas drôle ! Mon Kenny !
Elle aurait bien couru après eux, mais qui sait ce qui aurait pu lui arriver ? Et puis on lui avait défendu d’aller plus loin que le muret. Hywel était toute seule, maintenant. Toute seule sans son nounours, aussi. Ce qui était pire. Elle se mit à renifler, puis fondit en larmes sur son muret.
- Qu’y a-t-il, Hywel ? Pourquoi pleures-tu ?
La voix rassurante de sa sœur stoppa les larmes. La gamine renifla.
-On m’a pris mon Kenny. Les grands, là, ils ont couru et ils l’ont kid – nappé !
Et puis, sans qu’Hywel comprenne comment, elle se retrouva de nouveau toute seule. Enfin, elle ne pouvait pas savoir, d’un côté, vu que tout ce qu’elle pouvait percevoir était le vrombissement régulier des voitures… Ah non, des pas.
- Aislinn ?
- Oui, tiens, j’ai retrouvé ton Kenny. Tu l’avais juste fait tomber en allant vers le muret.
Hywel arqua un sourcil perplexe. Elle avait pourtant bien senti, la poigne du garçon et puis Kenny s’arracher de ses mains… Pourtant elle se contenta de hocher la tête en reprenant la peluche. Des fois, les grands mentaient. Des fois, les grands n’aimaient pas qu’on sache qu’ils étaient gentils. Aislinn était gentille et elle était grande. Alors elle voulait pas qu’on le sache, sûrement.

L’événement eut l’avantage de convaincre Hywel qu’elle devait être plus forte. Aussi parcourir la rue toute seule devint pour elle le défi à relever. Elle mit trois semaines à en avoir le courage…
Et un matin, lorsque sa sœur demanda si quelqu’un avait pris le pain… Elle s’élança enfin. La porte était là. Elle sentait le contact du bois. Sa main descendit lentement, ouvrit la poignée avec appréhension. C’était tout un monde qui s’offrait à elle, maintenant que la peur cédait du terrain.
Son pied s’avança, tremblant sur le gravier, puis l’autre se décida aussi. Il était charmant de constater que lorsqu’on ne voyait pas, tout était plus clair. Chaque son de voiture, chaque pas, chaque odeur. Le sol sous ses pieds lui-même prenait une autre teneur. Parce qu’elle n’avait pas peur. Son pas se fit plus rapide, faisant voltiger ses cheveux en mèches désordonnées devant ses yeux. L’air se rassemblait autour d’elle, l’aidait. La terre réagissait, tandis qu’un sentiment de victoire et de liberté la prenait pour ne jamais la quitter.
Elle se mit à courir, d’abord doucement puis aussi vite qu’elle le pouvait, sans faire attention, sans avoir peur ! Le vent l’accompagnait, son cœur s’enflammait, l’eau coulait de ses yeux tandis qu’elle se mettait enfin à voir ce qui l’entourait avec son cœur.

Ce même cœur eut un raté.

Hywel Eirlys se prit un arbre du haut de ses quinze kilomètres à l’heure, de ses neuf ans et de son tempérament aventureux. Trois côtes cassées, une entorse, mais un cœur mou de gamine courageuse enfin sûr de lui-même, même tout seul. Bip bip bip. Ce même jour, elle décida de mettre un bandeau sur ses yeux. Assumer, ce serait sa vie. Il n’était plus question de faire semblant.

Hywel fut une enfant silencieuse et sans histoire. Tout comme les autres de son école, elle voulait grimper aux arbres, mettre des coups de pieds ou collectionner des cartes sur lesquels se battaient en duel des malheureux chanteurs en noir et blanc ou des créatures étranges. Et hormis le petit pécule qu’elle obtenait de son père pour acheter des trucs agréables à pouiquer et la main que lui prêtait sa sœur pour la guider vers l’école, cette enfance fût vécue de manière relativement seule.
Car si Hywel voulait les mêmes choses que les autres, elle ne voulait pas les partager avec ceux qui étaient esclaves de leur vision. Et la seule amie qu’elle apprit à dompter fut la lisière de la forêt où les autres n’osaient pas aller. Elle avait son arbre à elle, qui à force de bleus et de bosses, avait fini par la laisser comprendre comment monter. Résultat, le dit arbre était rempli de gadgets bon marché et de cartes étranges que seuls les enfants savent accepter. Même Kenny avait eu l’honneur de résider une nuit sur l’arbre, d’ailleurs.

Hywel se construit ainsi presque seule, au milieu des odeurs de bois et d’une infinité de sensations auxquelles le commun des mortels n’avait pas accès. C’était d’ailleurs une image étrange que de la voir grandir perchée sur sa branche avec Kenny, un bandeau sur les yeux et un chapeau distingué sur la tête.

Mais étrange, elle l’était… Et elle le resta durant son adolescence, au détail près que ses possessions ne s’accumulèrent plus sur un arbre mais dans sa chambre, et que ses visites à la forêt se firent moins fréquentes. Son lit devint son refuge préféré, le sol son moyen de rangement le plus pratique (en se fiant à la mesure du lit).

Tout comme sa sœur, elle se réfugia dans la musique. Musique de film, musique classique, le plus souvent des mélodies sans paroles qui lui laissaient le choix de faire entrer ses propres mots dans les notes. Tout comme sa sœur … A ceci près que la musique lui fut moins destructrice, comme elle allait l’apprendre.

Hywel admirait beaucoup la musique de sa sœur. Aussi lorsque son père eut le temps de l’emmener à l’un de ses concerts, c’est franchement excitée que l’aveugle suivit chaque note, chaque parole même, chaque petit tressaillement dans la corde de basse que maniait Aislinn.

Elle voulait lui dire. Trouver enfin le courage de lui avouer qu’elle voulait être comme elle. Elle planta là le père, prétextant d’aller aux toilettes, et demanda son chemin jusqu’à arriver devant la loge. Son cœur battait la chamade en agrippant la poignée. Comment lui dire ? Comment, elle, qui ne pensait qu’à son petit univers, allait-elle parler avec son cœur à sa sœur qui était tellement grande et tellement belle ? La porte s’ouvrit lentement, comme réticente, et Hywel eut un haut-le-cœur devant l’odeur qui l’assaillit. Elle n’était pas stupide. Elle n’était pas naïve. Aussi ne chercha-t-elle pas à se persuader que ce n’était pas la voix de sa grande sœur qui demandait plus de… De drogue. L’ambiance malsaine que ressentit la jeune fille au bandeau remplaça toutes les images. Cette odeur. Ces bruits. Ces voix, aussi.
Ses doigts se refermèrent sur la poignée, et elle referma la porte. Sans bruits, sans larmes, sans rien. Ce jour-là elle comprit que les Autres, quels qu’ils soient, ont leur faille. Ceux qui peuvent voir sont condamnés à vouloir oublier ce qu’ils ont vus. Et elle ne pouvait lui en vouloir. Sa sœur aussi voyait.

Il n’y avait qu’Hywel pour comprendre le noir. Qu’elle seule pour savoir rester pure en avançant dans une obscurité préservatrice. Puisque Aislinn était une Autre, malgré tout, il fallait qu’elle avance… Et se berce dans ces illusions qu’elle savait être inaccessibles aux gens qui sont capables de se voir dans la glace.

- Viens, Kenny. Elle n’a pas besoin de nous, ici.
Son pas, soudain glacé et lourd, retentit dans le couloir. Aislinn ne l’entendrait pas.

Si elle avait su, pourtant, qu’elle viendrait à regretter ces mots.



Dernière édition par Hywel Eirlys le Lun 27 Avr - 19:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]   Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] EmptyLun 27 Avr - 19:52

Ce jour. Ce jour maudit où, comme à son habitude, elle avait allumé sa chaîne hi-fi. Mis du Erik Satie, comme ça, juste pour que la mélodie coule doucement à son oreille. Elle s’était habillée d’une robe noire de velours qui, elle aussi, coulait… Sous ses doigts. Elle avait entendue sa sœur crier de baisser le son, puis s’était bougée aussi lentement qu’une larve. Elle avait descendu l’escalier, avait mangé un croissant et était remontée en haut pour toquer à la chambre de sa sœur. Pas de réponse ? Elle devait dormir.
Alors elle était entrée. Elle avait tâté le lit en lui disant de se réveiller pour l’emmener à l’école. Et elle n’était pas là. Alors elle avait murmuré qu’Aislinn devait être en colère contre elle à cause de la chaîne hi-fi et avait demandé à quelqu’un d’autre.

Est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Est-ce qu’elle aurait pu mieux chercher, ou lui courir après avant qu’elle ne fasse une bêtise ? Cela, Hywel ne le sait toujours pas. Car toujours est-il qu’elle était revenue dans la chambre de sa sœur, le soir venu.

Elle avait plongé dans le lit de sa sœur, pensant que cela l’embêterait et qu’elle sortirait de sa cachette.

- Aislinn, arrête de te cacher ! Je suis désolée, pour ce matin !
Elle avait soupiré, s’était roulée sur le côté et avait frôlé un papier. Qu’est-ce que c’était que ça ? Chancelante, elle l’avait apporté à son père, se cassant à moitié la gueule dans l’escalier.
- John, ça veut dire quoi, ça ?
- Où as-tu encore déniché, ça, toi ?
-S’il te plaît, lis-le moi !
- Bien, bien… "Je vous aime. Excusez-moi. Aislinn."
Hywel avait presque pu sentir les yeux de son père s’écarquiller en même temps que les siens. Elle avait senti les bras de son père autour de ses épaules, hurlé « Non » au moment où il annonçait qu’il était très probable qu’Aislinn se soit jetée du haut d’un pont. Elle avait hurlé de toutes ses forces, le traitant de menteur, de crétin ; elle avait hurlé, hurlé, hurlé son prénom, hurlé qu’elle n’aurait pas fait ça.

Et puis elle avait fondu en larmes.
Si le bandeau noir dentelé n’avait pas eu l’occasion d’être mouillé par autre chose que la pluie, il se rattrapa cette nuit-là. Hywel pleura toutes les larmes de son cœur, même si elle ne pouvait y croire, même si tout son être se rattachait au mot qu’elle avait beuglé toute la soirée : non.

Non.

La solitude est une chose bien étrange. On croit la connaître, on la désire, souvent. Et lorsqu’on l’atteint enfin, on comprend… Il n’y a rien de pire que de sentir ce vide autour de vous, de le voir, de l’entendre glisser comme un serpent s’enroulerait autour de votre cœur.

Ce jour-là, Hywel disparut.

John Lennon le chat avait toujours bien aimé Hywel. La façon dont elle devait faire attention à son univers, la façon dont elle le grattait derrière les oreilles aussi. La façon dont elle le posait sur son lit puis vaquait à ses occupations.
Aussi John Lennon estima-t-il qu’il était normal de saluer Hywel qui venait de descendre l’escalier par un doux mais sonore frottement contre ses jambes.

Il suffit parfois d’un mot, pour que tout bascule. D’une phrase, pour plonger quelqu’un dans le désespoir. Aussi, lorsque John tout court vit son chat et déclara quelque chose, il ne sut pas qu’il était en train de briser Hywel en deux. Les mots qu’il prononça furent :

- Hé bah, mon vieux Beatle, tu te frottes au vide, maintenant ?

Hywel fuit. Paumée elle se sent, dans le vent froid d’automne qui l’assaille comme un coup de poing. Paumée elle se sait, de par ses pas qui se perdent sur le bitume. Paumée elle se comprendrait, si elle pouvait se regarder dans la glace.

Paumée elle est, en trébuchant dans les rues.


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MessageSujet: Re: Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]   Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] EmptyLun 27 Avr - 20:47

love

J'ai lu et n'ai rien à redire. Autant au niveau de l'histoire de nos perso que pour l'invisibilité.

Donc je valide.

Et c'était super ;)
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MessageSujet: Re: Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie]   Hywel Eirlys || Blindfold's lullaby. [Finie] Empty

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